> 9月23日にInstitut Goetheで行われた、チェロのEugen ProchácさんとハープのKatarína Turnerさんのデュオコンサートにご招待いただいた。
> 演奏会を聴くためにこうして時間を作れることはとても久しぶりで、開演前には心がむずむずと騒ぎだした。
> 私自身も演奏会をするのだが、こうして聴衆としてホールにいる時に考えさせられることは「聴衆は何を求め何故コンサートに来るのか」ということだ。それを各コンサート毎に演奏家はしっかりと感じ取り、 ひとつの音楽を通して心の会話をする時間を会場の全員で作ってゆく。
> そしてこの23日の演奏会で、まさにこの二人の音楽家はその聴衆の願いをしっかりと受け止め、各々の心の弦を力強く震わせる時間を叶えてくれた。
> プログラムはヴィヴァルディからファリャまで、時代にも国籍にも性格的にもバリエーションに富んでおり、それぞれのキャラクターを存分に生かした演奏が繰り広げられた。各ソロ2曲の他7曲は二人のアンサンブルである。
> 全体的にハープの音が際立ち、チェロとのバランスが気になったが、それは隣同士に並んでいたポジションによる問題であったのだと思う。しかしながら二人の呼吸は1つの体からなされるかのごとく、豊かに温かく、時に細かく細く、彼らの楽器に息吹を与えるのであった。
> チェロのソロでは、観客からの「次のパッセージはこうあってほしい」という欲求を見事にくみ取り、超絶技巧の中にもユーモアに富んだ、心を弾ませる演奏であった。
> ハープのソロでは、時に風の様、また水の精が吐く泡のようでもあり、ハープの音色ならではの魅力に皆がうっとりした。
> 最後の曲の間、私は目を閉じていた。グラナドスのスペイン舞曲である。
> その赤黒い色の世界から、彼らの音楽は私を無数の旅へといざなった。ふと気づけばそれはどこか南国の熱を持った分厚い空気が私の肌をかすめ(題名はスペインだが)、時にアラベスクの模様、人々のかぶる帽子の色とりどりを夢見させ、スパイスの効いた料理の香りをさせる。
> そして私は目を開ける。私は演奏家と観客だけのステージのみが私の視界にあることを理解するのに時間をかけなければならなかった。
> コンサートとはこうであらなければならないのだ、と私は感激した。
> 世界は混沌としている、皆もし自分に自由な時間があればと夢見ながらそれぞれの仕事に打ち込んでいるものだ。
> その中でこうして2時間という莫大な時間を空けてコンサート会場に向かう。しかし音楽はその2時間を何十時間の旅にも豪華な料理にも変える魔法の力を持っている。
> 私はまた彼らの音楽の旅のチケットを手に入れられることを楽しみに、パリの混沌に身を任せる幸せな日々を喜んで過ごそう。
石橋真由子
(Traduction de Frédéric Sausse)
Le concert organisé dans le cadre de la semaine des cultures étrangères, le 23 septembre dernier, au Goethe Institut présentait un duo de harpe et de violoncelle formé par Eugen Prochac et Katarina Turner. C'était pour moi comme un retour après une longue absence et, dès les premières notes, j’ai senti mon coeur battre dans ma poitrine. Etant moi-même concertiste quand je me retrouve du côté du public, je me demande : pourquoi vient-on au concert, qu’est-ce qu’on en attend ?
Mais aussi bien, un musicien doit répondre intuitivement à cette question à chaque concert pour créer avec le public un moment de vraie communication de cœur à cœur, par la musique.
Et dans le concert de ce 23 septembre, les deux musiciens ont répondu au désir du public et réalisé son rêve en faisant vibrer puissamment la corde sensible de chaque esprit. Le programme était riche en variations, qui exprimaient les personnalités des compositeurs présentés, de Vivaldi à Manuel de Falla, avec sept pièces en solo et deux en duo.
Le son de la harpe dominait un peu celui du violoncelle, apparemment du fait de la position côte à côte sur la scène des deux musiciens. Néanmoins ils ont animé leurs instruments en une respiration unique, chaude, passionnée, sensible et délicate.
Ensuite les musiciens ont joué en solo. Le solo de violoncelle, plein d'humour et de brio, répondait continûment à l’attente du public pour chaque phrase musicale avec une parfaite maîtrise de l’instrument. Le solo de harpe était tel le souffle du vent mais avec comme des bulles qui éclataient à la surface de l'eau. Tout le monde a été ravi par la sonorité au charme unique de la harpe.
Pendant l'exécution du dernier morceau, j'ai fermé les yeux – c'était la danse espagnole de Granados. La musique m'a entraînée dans d'innombrables voyages à travers un monde de couleur rouge sombre. L'air épais, la chaleur du Sud effleurait ma peau, je rêvais d'arabesques de chapeaux colorés quand la musique a “piqué” mon odorat comme ferait de la cuisine épicée [synesthésie N.D.L.R.].
Quand j'ai lentement rouvert les yeux, j’avais oublié que j’étais dans une salle de concert. Il m’a fallu le temps de revenir sur terre et me remettre de mon émotion. C’est ce que doit être un concert : un voyage, une évasion, car là où nous sommes, nous vivons dans le chaos et travaillons continuellement tout en rêvant de liberté que nous pouvons finalement atteindre en trouvant deux heures pour aller au concert. Mais la musique a le pouvoir magique de changer ces deux heures en dizaines d’heures de voyage, comme le ferait un merveilleux repas gastronomique. En attendant le prochain concert et son billet d’avion imaginaire, je continue à me plonger dans le chaos parisien avec grand plaisir, puisque c’est maintenant la plus belle saison : l’automne, saison des arts.