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Johannes Hillje, Michère Weinachter, Tanjev Schultz et Christiane Deussen

Johannes Hillje, Michère Weinachter, Tanjev Schultz et Christiane Deussen

    À la table ronde de la Maison Heinrich Heine, le 4 décembre dernier, le débat était principalement alimenté par Johannes Hillje, conseiller en politique et en communication, qui exposait les idées développées dans son livre “Propaganda 4.0" soit la forme la plus avancée de la propagande ou comment les populistes de droite font la politique. En fait, cet essai est essentiellement basé sur l’analyse de la percée, en 2017, de l'AfD (Alternative für Deutschland) comme troisième parti au Bundestag. La victoire de ce “parti populiste de droite” viendrait de sa stratégie de communication car il dominait déjà les débats publics et déterminait non seulement les sujets abordés, mais également la manière de les aborder. L'AfD serait le principal bénéficiaire de la médiatisation, en particulier grâce à des abus de langage calculés, par exemple, en présentant la vague des réfugiés comme un "génocide" de la spécificité allemande ou le lock-out de journalistes comme la liberté de la presse. Donc, du “framing” aux fausses nouvelles, en passant par l’exploitation des scandales, avec leur propagande 4.0, les réseaux populistes de droite européens utilisent les structures traditionnelles, publiques et numériques, pour leurs fins.

Gilets jaunes et Bonnets rouges. En référence historique, Delacroix et la bannière... La liberté guidant le peuple en montrant ses appâts

Gilets jaunes et Bonnets rouges. En référence historique, Delacroix et la bannière... La liberté guidant le peuple en montrant ses appâts

    On voit que selon cette analyse des partis émergents arrivent à influencer la politique avant même d’avoir des représentants élus, ce qui serait une conséquence de la montée du populisme, où, selon le conférencier, il faudrait voir une idéologie peu consistante. Or le fait que l’on parle, notamment en France, de populisme de gauche et populisme de droite, contredit cette assertion. Le populisme veut être la parole retrouvée du peuple face à des dirigeants qui le desservent. Mais cette idée n’est précisément pas plus de gauche que de droite. On le voit clairement avec le mouvement des gilets jaunes que l’on désigne généralement comme inclassable. Et si d’un côté les partis de gauche cherche à se l’approprier pour ses revendications sociales, un membre du gouvernement n’a pas hésité à le qualifier de “peste brune” tandis que pour d’autres il annonce le retour du roi. On se souvient qu’en 2002 Lionel Jospin avait déclaré que “tout antifascisme n'était que du théâtre” en qualifiant en revanche le Front national de “parti d'extrême droite”. Or aujourd’hui même ce concept anémié a besoin d’une transfusion puisqu’on parle maintenant communément d’ultradroite.

Chemises noires et chemises brunes. En référence historique, l'armée romaine dont les faisceaux inspirèrent les facistes

Chemises noires et chemises brunes. En référence historique, l'armée romaine dont les faisceaux inspirèrent les facistes

    Interrogé sur ce point, le conférencier a précisé que selon lui les “gilets jaunes” n’étaient pas des populistes, car ils s’opposaient simplement aux élites considérées comme traîtres et à l’établissement dont Macron était l’incarnation. Il leur manquerait l’idée d’un peuple. Effectivement le mouvement n’utilisant pas, à ce stade, les réseaux sociaux il est difficile de le constituer en extrême droite dont on pourrait déchiffrer, ou décrypter, le discours selon sa méthodologie : “crise migratoire” évoque une catastrophe naturelle quand “vague migratoire” fait penser aux vacances de même que “migrants” alors que “réfugiés” renvoie à la dure réalité de la guerre. Pour rester dans la sémantique, parler de  “jacquerie” pour expliquer  le mouvement gilets jaunes permet de rendre compte à la fois de la révolte populaire et de la violence qui l’accompagne ou qui la parasite, mais ce rapprochement de fait avec le mouvement des Bonnets rouges de 2013, une autre révolte fiscale, insiste trop sur l’origine de terroir, alors que le mouvement est en train de gagner les pays voisins : Allemagne, Belgique, Hollande... par la facilité offerte par ce gilet involontairement international. Et donc, puisque en même temps le drapeau français est partout visible (comme plus loin les drapeaux allemand ou belge), plutôt qu’à des national...istes, les gouvernements aurons peut-être demain à faire face à des inter-nationalistes et à la nouvelle internationale automobiliste.

Frédéric Sausse

Tag(s) : #Article de presse
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